UFC 315, une soirée tricolore contrastée
- Malo
- 12 mai
- 3 min de lecture
L’UFC 315, organisé au Centre Bell de Montréal, offrait deux lectures distinctes du MMA français à haut niveau : celle d’un Benoît Saint-Denis en quête de reconstruction et d’un ancrage stratégique, et celle d’une Manon Fiorot confrontée aux limites de son approche face à une adversaire d’élite. Deux parcours symptomatiques des défis que doivent relever les figures montantes tricolores dans une organisation toujours plus exigeante.

La soirée a bien commencé avec la victoire de Benoît Saint-Denis sur Kyle Prepolec, pourtant non classé. Ce combat ne doit pas être analysée à travers le seul prisme du résultat. C’est la forme, plus que le fond, qui mérite l’attention. Le Français, après deux défaites face à des top contenders (Poirier, Moicano), a fait le choix d’un retour aux fondamentaux avec Nicolas Ott, architecte discret mais méthodique de plusieurs réussites françaises récentes. À l’UFC 315, cette nouvelle synergie a porté ses premiers fruits.
Premier round volontairement contenu, domination au sol, gestion du temps et des transitions : Saint-Denis a cassé le tempo pour imposer le sien. La montée en intensité au deuxième round, conclue par une soumission en bras-tête, témoigne d’un Fight IQ en progression, où la précipitation et les échanges brouillons ont laissé place à une lecture plus rationnelle du combat. Si la valeur de l’adversaire ne relance pas immédiatement la discussion autour du top 10, la capacité de BSD à implémenter un plan de jeu cohérent et à sortir du schéma unique de la pression brute ouvre des perspectives intéressantes pour la suite. On constate tout de même des lacunes toujours importantes en défense de striking, un aspect a corrigé pour avoir de grandes ambitions dans cette catégorie.
Manon Fiorot a un pas de la postérité
Côté féminin, la marche était plus haute. En affrontant Valentina Shevchenko, Manon Fiorot entrait dans la catégorie très restreinte des prétendantes crédibles à une ceinture UFC. Mais l’examen de passage a été sévère. Le premier round, dominé de bout en bout par la Kazakhe, a exposé la fragilité de la Française face à une adversaire capable d’optimiser la moindre ouverture — un nez cassé, un écart de rythme, une transition mal gérée. Fiorot a eu le mérite d’ajuster, remportant sans doute les rounds 2 et 3 grâce à sa mécanique de striking et à son contrôle de la distance. Elle a su mettre Valentina sur le dos, une tache loin d’être facile surtout pour une « strikeuse ».
Mais à partir du quatrième round, Shevchenko a repris le contrôle de l’espace et du temps. L’imperméabilité défensive, la capacité à punir les tentatives de volume de Fiorot, et surtout, une gestion millimétrée des transitions clinch-lutte-striking ont verrouillé le débat. Signe révélateur : les kicks de Manon, d’ordinaire un outil de gestion de distance redoutable, ont ici été systématiquement sanctionnés par des contres, inversant l’impact prévu et offrant à Valentina des opportunités de scoring voire d'usure.
Il ne manque pas grand-chose à Fiorot pour basculer dans le cercle des championnes, si ce n’est ce "petit quelque chose", cette capacité à modifier son tempo, à surprendre dans la lecture adverse et à imposer une troisième voie quand le plan A s’essouffle. Aldric Cassata, coach de Manon, s’est montré limpide sur les inter rounds mais la pression du combat a surement restreint Manon dans sa compréhension et l’application des consignes dans la cage.
Des dynamiques positives
Cette défaite par décision, logique mais loin d’être honteuse, confirme que Fiorot possède l’arsenal technique et mental pour rivaliser. Elle souligne toutefois une réalité : son style, aussi précis soit-il, manque encore de variations et d’expérience sur cinq rounds pour détrôner la GOAT de cette catégorie.
L’UFC 315 a mis en lumière deux trajectoires opposées mais complémentaires du MMA français : celle d’un Saint-Denis en pleine redéfinition tactique, et celle d’une Fiorot à la frontière de l’élite mondiale, mais encore en quête de ce facteur X qui transforme une prétendante en championne.
Dans les deux cas, l’avenir reste ouvert et sur une tendance positive. Mais il faudra désormais conjuguer talent brut et stratégie pour espérer franchir le cap que l’UFC impose à tous ceux qui visent les sommets.
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